Takesada Matsutani
Né à Ōsaka en 1937, Takesada Matsutani est considéré comme l’un des artistes majeurs de la scène artistique japonaise. Son travail, renommé à l’échelle internationale, est présenté dans le monde entier, et a eu l’honneur en 2019 d’une rétrospective au Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou à Paris, où l’artiste vit et travaille depuis1966. Matsutani a fait une importante donation d’oeuvres couvrant toute sa carrière au Musée national d’art moderne, et il a fait également don à l’INHA d’un large fonds d’estampes, dont une partie est actuellement présentée au Musée des Abattoirs à Toulouse.
À partir de 1960, Matsutani commence à exposer avec le groupe d’avant-garde Gutai, dont il rejoint officiellement les rangs en 1963. Jirō Yoshihara, le fondateur et mentor du groupe, enjoint constamment les jeunes artistes à « faire ce qui n’a jamais été fait auparavant ». Pour répondre à ce défi, Matsutani adopte la colle vinylique, qu’il répand et fait gonfler sur la toile en créant des volumes organiques à l’érotisme latent.
Les premiers travaux parisiens de Matsutani montrent cependant assez rapidement une parenté avec les aplats colorés du Hard-Edge. En 1967, l’artiste intègre le célèbre Atelier 17 de Stanley William Hayter, l’un des hauts-lieux de la gravure à Paris. Il rejoint ensuite l’atelier de sérigraphie créé par son épouse Kate Van Houten et leur amie Lorna Taylor. Flying-City, Silver A ou Lamp Pink sont caractéristiques de cette période, avec leur palette vive et leurs formes clairement définies. Cependant, la gravure va surtout confirmer à Matsutani l’évidence du noir, déjà ressentie avec l’apprentissage de la calligraphie et des techniques picturales japonaises. À partir du milieu des années 1970, le noir et le blanc dominent son travail.
Revenant aux outils fondamentaux du dessinateur, le crayon graphite et le papier, Matsutani recouvre patiemment de traits noirs des formats de plus en plus impressionnants, jusqu’aux installations monumentales présentées à la Biennale de Venise (Pavillon International) en 2017 et au Centre Pompidou en 2019. Il renoue également avec les volumes de colle vinylique, eux aussi le plus souvent recouverts de noir. Ses oeuvres à la fois sensuelles et empreintes de spiritualité interrogent les notions d’espace et le temps, l’immobilité et le mouvement.
Bien qu’il reste fidèle au noir, Matsutani fait montre depuis le milieu des années 2010 d’un nouvel enthousiasme pour la couleur, éclatante, pleine de dynamisme. Et malgré l’échelle impressionnante de ses installations récentes, il demeure à l’aise dans tous les formats. Passionné par l’objet livre (voir les titres de Matsutani dans notre catalogue Bibliophilie contemporaine), il continue à illustrer régulièrement des ouvrages d’auteurs de renom.
V.D.
Renseignements et prix sur demande
MATSUTANI (Takesada). – Stream 98-2. [Paris], chez l’artiste, 1998. 53,5 x 39,5 cm. Lithographie deux couleurs en noir et bleu sur papier Hahnemühle. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 19/30 et titrée b.g.
Cette sérigraphie fait partie d’un ensemble produit avec l’Atelier 915 à Yokohama. En un mouvement dynamique, elle associe le bleu au noir et blanc qui domine l’oeuvre de Matsutani depuis la toute fin des années 1970.
MATSUTANI (Takesada). – La propagation S-1. Paris, 1969. 78 x 57 cm. Sérigraphie en couleurs sur papier, 3 petites déch. marginales. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée E/A et titrée b.g. Edition de 50
Cette oeuvre aux associations colorées audacieuses montre une proximité avec les préoccupations contemporaines du Hard Edge américain. Les formes organiques fluides qui occupaient Matsutani au Japon prennent ici des contours plus géométriques, clairement définis.
MATSUTANI (Takesada). – Lamp’69. Lamp Pink. 1969. 74,5 x 58 cm.Sérigraphie en couleurs sur papier offset. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée E/A et titrée b.g., datée une seconde fois au dos.
Il existe plusieurs variantes en bleu, argenté et rose. Le motif de la lampe est récurrent dans chez Matsutani, avec même sur certaines toiles des collages d’ampoules. Cette forme évoque aussi les formes organiques créées par Matsutani à la colle vinylique avant son arrivée en France.
MATSUTANI (Takesada). – Flying city silver-1. Paris, exécutée à l’atelier 17, 1968. 75 x 55 cm.Sérigraphie en couleurs et gravure sur papier BFK Rives, petit pli ang. h.d., petite déch. marginale. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 1/30 et titrée b.g. Edition de 50.
Cette oeuvre est proche de la Propagation S-1. On y retrouve l’association d’une surface plane argentée et d’une forme oblongue rose, mais à l’aide de plaques supplémentaires de techniques différentes l’artiste y superpose des motifs complexes, déjà vus dans d’autres gravures et issus de son vocabulaire organique.
MATSUTANI (Takesada). – La propagation M-B. Paris, 1967. 49 x 40 cm. Aquatinte en noir et vert sur papier BFK Rives. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 17/50 et titrée b.g.
Cette oeuvre, créée à l’Atelier 17, associe un motif fluide organique caractéristique de l’époque Gutai de Matsutani avec une construction plus géométrique, témoignant de l’intérêt grandissant de l’artiste pour d’autres formes d’abstraction et pour la représentation des trois dimensions sur la surface plane du papier.
MATSUTANI (Takesada). – La propagation-K. Paris, 1967. 50 x 66 cm. Eau-forte, burin et aquatinte sur papier BFK Rives. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 20/30 et titrée b.g.
Cette gravure créée à l’Atelier 17 est constituée d’une association de petites plaques indépendantes, placées de manière dynamique sur la surface du papier. Les motifs rappellent les formes organiques prisées par Matsutani lors de ses débus dans Gutai, avant son arrivée en France, et que l’artiste faisait se développer sur la toile en insufflant de l’air à l’aide d’une paille dans de la colle vinylique. Mais l’oeuvre témoigne aussi d’une évolution significative dans le travail de l’artiste, alors qu’il revient à un travail pictural dans les deux dimensions et surtout qu’il explore avec enthousiasme les techniques de la gravure avec W.S. Hayter.
MATSUTANI (Takesada). – Oiseau. [Paris], chez l’artiste, 1998. 49 x 40 cm. Lithographie deux couleurs en noir et bleu sur papier Hahnemühle. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 17/30 et titrée b.g.
Cette sérigraphie fait partie d’un ensemble produit avec l’Atelier 915 à Yokohama. Elle associe des traces dynamiques de bleu au noir et blanc qui domine l’oeuvre de Matsutani depuis la toute fin des années 1970
MATSUTANI (Takesada). – Superposition. [Paris], chez l’artiste, 1998.49 x 40 cm. Lithographie quatre couleurs sur papier Hahnemühle. Oeuvre originale, signée par l’artiste et datée b.d., justifiée 17/30 et titrée b.g.
Cette sérigraphie fait partie d’un ensemble produit avec l’Atelier 915 à Yokohama. Elle rappelle les surfaces patiemment recouvertes par Matsutani de traits de crayon graphite, mais la couleur fait ici irruption donnant une illusion de superposition de plans.
SAITO (Sanki), MATSUTANI (Takesada). – Une goutte. Cinq estampes originales de Takesada Matsutani. Yokohama, Atelier 915, 2008. En ff., 35 x 27 cm, cinq doubles pages avec haïku en japonais et en français, et cinq estampes originales signées et numérotées par Matsutani.Coffret toilé noir fermé par ficelles de papier. Edition originale, tirage limité à 28 exemplaires numérotés.